AxelLa littérature jeunesse et Young Adult a longtemps été marquée par un manque de diversité, tant dans la représentation des personnages que dans le choix des auteurs publiés. Historiquement, la majorité des livres destinés aux jeunes mettaient en avant des protagonistes blancs, hétérosexuels et valides, excluant ainsi une grande partie des lecteurs de toute possibilité d’identification. Cette situation a contribué à une invisibilisation des minorités et à la perpétuation de stéréotypes limitants.
Pourquoi la diversité est-elle essentielle ?
La littérature joue un rôle fondamental dans la construction de l’identité des jeunes lecteurs. Les livres sont des « miroirs », qui permettent aux enfants et adolescents de se voir représentés, et des « fenêtres », qui leur ouvrent des horizons sur des expériences différentes des leurs. L’absence de diversité dans les livres jeunesse peut ainsi freiner le développement personnel de certains jeunes, les privant de récits qui reflètent leur vécu et leurs aspirations.
D’un point de vue éducatif, la diversité dans la littérature contribue également à déconstruire les préjugés et à favoriser l’empathie. Lorsqu’un enfant blanc lit des histoires mettant en scène des personnages racisés, en situation de handicap ou issus de la communauté LGBTQIA+, il est plus à même de comprendre et de respecter ces réalités. À l’inverse, un enfant racisé qui ne trouve que des protagonistes blancs dans ses lectures peut se sentir marginalisé et peu valorisé dans la société.
Une évolution encore insuffisante
À partir des années 2010, plusieurs études ont mis en lumière l’ampleur du problème. En 2017, seulement un quart des livres pour enfants présentaient des protagonistes issus de minorités, un chiffre en hausse mais encore bien en deçà de la réalité démographique. La France accuse un certain retard par rapport aux pays anglophones, où des initiatives comme le mouvement #WeNeedDiverseBooks ont contribué à un changement progressif des pratiques éditoriales.
Malgré ces progrès, des inégalités persistent. Les auteurs issus de minorités restent sous-représentés, et lorsque des personnages divers sont intégrés, ils sont parfois stéréotypés ou relégués à des rôles secondaires. Pire encore, certaines maisons d’édition pratiquent encore le « white-washing » sur les couvertures, transformant visuellement des personnages racisés en personnages blancs afin de rendre les livres soi-disant plus commercialisables.
L’importance du mouvement #OwnVoices
Face à ce constat, le mouvement #OwnVoices, lancé en 2015, milite pour que les histoires de minorités soient racontées par des auteurs qui en sont eux-mêmes issus. L’objectif est d’assurer une représentation plus authentique et nuancée, en évitant les écueils du regard extérieur qui peut parfois manquer de justesse ou tomber dans des clichés. En France, certaines maisons d’édition comme VoxEorum ont fait de ce principe un pilier de leur ligne éditoriale.
Des actions à poursuivre
Promouvoir la diversité dans la littérature jeunesse ne signifie pas uniquement publier davantage de livres avec des personnages issus de minorités. Il s’agit aussi d’encourager la publication d’auteurs et d’illustrateurs issus de ces communautés, de garantir une diversité de voix et de récits, et d’assurer une mise en avant équitable de ces ouvrages. Les bibliothèques, librairies et enseignants ont également un rôle à jouer en proposant des livres reflétant la diversité du monde dans lequel évoluent les jeunes lecteurs.
En définitive, la diversité en littérature jeunesse n’est pas une simple question de représentativité : elle est essentielle pour construire un imaginaire collectif plus inclusif, où chaque enfant peut se sentir vu, entendu et valorisé. Les efforts engagés ces dernières années sont encourageants, mais il reste encore du chemin à parcourir pour que la diversité ne soit plus une exception, mais bien une norme
